Les guides s’arrêtent souvent à 48 heures. Pourtant, le Havre, avec ses contrastes bruts, son souffle architectural et ses échappées maritimes, mérite une journée de plus. Entre béton stylisé, jardins suspendus et virées panoramiques, le programme prend de l’ampleur. Voici une plongée dans un itinéraire de 3 jours, pensé pour celles et ceux qui aiment explorer sans se presser.
Jour 1 – Immersion dans le Havre d’Auguste Perret
Le réveil donne sur une ville qui ne ressemble à aucune autre. Au lieu des ruelles anciennes, le regard tombe sur des lignes rigoureuses, un quadrillage géométrique où le béton raconte une reconstruction maîtrisée. Ce centre, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, a été dessiné par Auguste Perret après les bombardements de 1944. En marchant vers la place de l’Hôtel de Ville, les perspectives s’étendent, presque hypnotiques.
L’église Saint-Joseph, avec sa flèche octogonale qui transperce le ciel, attire irrésistiblement. À l’intérieur, la lumière traverse des centaines de vitraux colorés. L’atmosphère se fait silencieuse. Ce lieu, plus méditatif qu’ostentatoire, donne le ton.
À midi, le front de mer appelle. Les terrasses s’ouvrent sur la Manche, l’air salin rafraîchit les esprits. Les assiettes mêlent poissons du port, frites croustillantes et cidre normand. Rien ne presse, tout invite à prendre son temps.
L’après-midi se poursuit vers le MuMa. Le musée André Malraux rassemble l’une des plus belles collections impressionnistes de France hors Paris. Boudin, Monet, Dufy : les œuvres dialoguent avec la lumière filtrée par de grandes baies vitrées. En sortant, la plage, toute en galets, s’étend comme une toile vivante. Des cabanes blanches ponctuent le paysage.
Astuce : En cas de météo capricieuse, plusieurs visites couvertes méritent le détour : la Maison de l’Armateur, le MuMa, le Volcan ou l’église Saint-Joseph offrent des refuges au sec sans compromettre la découverte.
En soirée, le quartier Saint-François s’anime doucement. Ancien quartier des marins, ses ruelles, entre deux bras du port, accueillent bistrots de poissons, caves à vin et terrasses discrètes. L’ambiance reste locale, sans artifice.
Jour 2 – Panorama végétal et ambiance marine
Direction les hauteurs au petit matin. Un bus ou une voiture conduit jusqu’aux Jardins Suspendus. Ce parc botanique, installé dans une ancienne forteresse, surplombe la ville. Des serres réchauffent des espèces venues d’ailleurs, des allées bordées de plantes odorantes sillonnent les remparts. La vue sur l’estuaire de la Seine, d’un côté, et la ville quadrillée, de l’autre, vaut la montée.
Le retour vers le centre se fait en douceur. Une halte au Pain Quotidien ou dans un salon de thé permet de reprendre des forces. Puis, cap vers le port de plaisance et les bassins, en longeant les quais. Les grues, les containers et les cargos en font un décor brut, presque cinématographique. On y croise aussi des œuvres d’art urbain, des expositions temporaires, des cyclistes, des familles, des promeneurs.
L’après-midi glisse vers le nord. Le Parc de Rouelles, souvent oublié des visiteurs, offre un vrai bol de nature. Des sentiers se perdent dans les bois, un vieux colombier attire les photographes, des ruisseaux croisent les chemins.
Pour la soirée, retour vers les Docks Vauban. Ce centre commercial installé dans d’anciens entrepôts propose cinémas, restaurants et bars, le tout dans une ambiance industrielle retravaillée. Les verrières laissent passer la lumière du soir. On prolonge sans s’en rendre compte.
Jour 3 – Excursion, respiration et échappée littorale
Le troisième jour change de tempo. La matinée commence tôt, direction Sainte-Adresse. Ce quartier résidentiel sur les hauteurs conserve un charme balnéaire Belle Époque. La promenade sur la Corniche s’accompagne de vues dégagées sur l’horizon. Des villas colorées bordent la côte, certaines évoquent encore les artistes qui s’y installèrent pour peindre la mer en plein air.
Plus loin, la plage du Nice Havrais offre un coin paisible, loin de l’agitation. Ceux qui souhaitent pousser l’expérience plus loin prennent le temps de monter jusqu’au Cap de la Hève. Un phare surveille la côte, des falaises blanches tombent à pic dans la mer. L’impression d’isolement, à quelques kilomètres du centre, surprend toujours.
À midi, un retour au centre permet de découvrir les Halles centrales. L’ambiance y reste simple, les produits locaux abondent. Fromages normands, fruits de mer, pains bruns et sablés artisanaux remplissent les étals. Un déjeuner sur le pouce prolonge le plaisir.
L’après-midi s’achève doucement avec une dernière promenade entre les œuvres du parcours d’art contemporain, les graffitis monumentaux du quartier du Volcan ou les expositions temporaires du Tetris.
En fin de journée, un retour sur la plage permet d’attraper les dernières lueurs sur la mer. Le Havre, brut et sincère, s’est dévoilé en trois jours complets. Il laisse dans les chaussures une poussière de galets, et dans la tête, une envie de revenir.

